Changements post-COVID pour nous les auteurs
Aujourd’hui pas de grand extrait inédit pour cet Extrait inédit, mais un tout petit qui va me permettre de rebondir sur un post qui risque d’intéresser les auteurs comme les lecteurs.
À savoir : cette pandémie a-t-elle changé votre manière d’écrire, vous ampute-t-elle de moments clés ou d’autres choses essentielles à la trame de votre ou de vos histoires. Avez-vous l’impression d’avoir changé ou d’être en train de changer pour les auteurs ?
Et pour les lecteurs, avez-vous l’impression qu’à l’avenir, il vous sera difficile de lire une histoire qui se passera à notre époque sans cette pandémie ? Où pourrez-vous faire abstraction de cette réalité si l’auteur décide de ne pas l’inclure dans son livre ?
Car ne rêvons pas, si cette merde de virus va mettre sur la paille nombre de corps de métiers et croyez bien que j’en suis le premier désolé, il va de soi que l’impact sur notre travail d’auteur ne peut être ignoré. En tous les cas, je me pose bien des questions pour la suite. Comment écrire une romance à cette époque sombre où les contacts sont très compliqués ? Avec quels arguments venir si je décide de faire de mes héros des hors-la-loi en leur faisant transgresser les nouvelles règlementations et j’en passe et des meilleures ? Est-ce qu’on me tombera dessus si j’ose le faire comme dans cette Novella qui va bientôt paraître et dont je vous offre un extrait inédit « Sexe Thérapie ».
Dans cette histoire, mes trois protagonistes sont prisonniers dans leur immeuble lors de ce confinement, mais leur couple battant de l’aile, le plus inquiet du couple décide en voyant la carte d’un sexologue sur la boîte aux lettres, de franchir un pas et d’ainsi transgresser les règles puisqu’ils vont devoir se toucher et passer du temps ensemble.
Mais au-delà de cette histoire sexy et que je me réjouis de vous faire découvrir, il y a cette question très sérieuse et pouvant s’avérer vraiment problématique pour la suite. Car si l’on décide d’écrire une histoire qui se passe pendant cette pandémie de M, nous faudra-t-il l’inclure ou pas pour être crédibles ? Et si nous le faisons, et je suis certain que nombre d’entre vous n’y avait pas pensé, ne risquons-nous couper la branche sur laquelle nous sommes tout simplement assis. Ben oui, comment écrire une romance ou autre chose sans interaction entre nos héros. N’est-ce pas ce qui rend le plus palpitant un livre ? N’est-ce pas l’essence même d’un roman ? Sans ces sentiments partagés, sans aucun moyen de se rencontrer vu les restrictions imposées, comment construire une histoire basée justement sur ça ?
Au début de la pandémie, je me disais que ça n’allait pas forcément impacter mon travail, mais au vu de la durée et des mesures drastiques pour les plus extrêmes, un dilemme s’impose à moi. Ferai-je s’ébattre mes personnages dans une ambiance anxiogène comme celle que nous vivons ou continuerai-je à écrire comme ma vie d’avant. Avant tout ça ?
Je pense qu’il faudra faire un choix et si je peux aider, mais ceci ne concerne que moi, je pense que je vais tout de même choisir la seconde option. Je ne voudrais pas en rajouter une couche. Et je ne suis pas certain que les lectrices et lecteurs aient envie de revivre ce que nous sommes en train de vivre. Mais bien sûr, comme ici dans « Sexe Thérapie », il y aura des histoires qui en seront tout de même impactées, car on ne pourra plus faire semblant et l’ignorer.
À nous, et peut-être est-ce la meilleure nouvelle pour ce Noël, les auteurs de nous décarcasser et nous creuser les méninges pour trouver la parade et user d’imagination hors norme pour rendre la chose supportable.
Qui va à nouveau permettre une bouffée d’oxygène au peuple ? Pas nos politiciens, assurément. Quel dommage que la culture et à fortiori, nous, auteurs de tous bords, ne soyons pas rémunérés juste pour les tranches de bonheurs ou d’évasion que nous offrons au monde. Généreusement le plus souvent.
Belle journée à tous, je vous laisse avec cet extrait en espérant qu’il vous donnera envie de découvrir ces trois lascars en proie à un désir plus qu’entêtant.
Il s’étend sur le tapis de yoga et tire Émile sur lui, en souriant. Un de ces sourires gouailleurs et magnifiques, invitant à un voyage. Émile rougit et baisse les yeux en tombant sur Jonas, ce dernier lui relève le visage d’un doigt et le met dans la lumière.
— N’aie pas peur, mignon, tu vas adorer.
— Ça fait partie de la séance ?
— Ne sois pas stupide. Donne-moi ta langue.