Extrait du roman La plage des Satyres ou bien des Loulous se reconnaitrons :
« Je l’aime. Jamais je n’ai ressenti pareils sentiments pour personne. J’ai l’impression d’être vraiment heureux. D’être débarrassé de cette ombre étant si souvent venue entacher mes semblants de relations que je pensais pouvoir faire durer. Mais avec Curtis, il n’y a rien de tout ça. Je suis juste heureux. Juste moi, et non pas cette pâle copie de mon être, comblant les fantasmes de mecs en voulant plus à ma notoriété qu’à mes formes. Je ne joue pas Mitch le magnifique, je suis Mitch, avec ses aspérités et ses balafres, ses joies et ses peines. Cela me donne une force inouïe.
Pour la première fois dans ma vie, j’ai l’impression d’être celui que j’ai toujours été, mais que toujours, j’ai ignoré pour vivre dans l’ombre et le déni. Ma propension à me dénigrer aidant, je réalise en vivant de pareils moments avec Curtis, combien je ne me suis pas aimé tout ce temps. Et se dévoile à mon esprit comme une évidence ma disposition à faire des rencontres discutables et ma façon d’aborder l’amour, ou ce que je pensais être l’amour. L’humiliation n’étant jamais loin, la violence, s’immisçant de temps à autres dans cette équation sans que je ne puisse l’empêcher de me nuire.
J’espère au fond de moi que je ne rêve pas, que tout ceci est bien réel et sincère.
Non pas que j’émette des doutes à l’encontre de Curtis, mais je sais que quelquefois, malgré nous, certains évènements, certaines choses de la vie peuvent assombrir voire détruire, ce que l’on pense être indestructible. Et voilà bien le seul doute émis en cet instant de félicité ».
