Souffrance en A mineur

Tandis que Marc espère encore possible d’étreindre une dernière fois son amoureux, le four se dévoile, les flammes éclairent les visages qui donnent à tous ces regards un éclat diabolique. Marc a beau retenir par la pensée le corps de son bel Arthur, son seul amour, l’être qui compta le plus à ses yeux, il n’a pas la force de faire reculer le cercueil léché par les flammes.

Photo de Riccardo sur Pexels.com

Les portes se referment, un bruit sourd comme un souffle puissant est émis durant d’interminables secondes. Marc enfonce sa tête dans ses épaules pour ne plus l’entendre. Il serre ses paupières si fort, qu’il a l’impression qu’elles vont exploser et puis plus rien. Pas un bruit. Un étrange silence une fois la crémation terminée envahit la pièce fleurie.

Marc regarde tout autour de lui. Il a envie de se jeter dans les flammes pour partir avec son homme mais il est trop tard. La pendule et son tic-tac obsédant à repris du service. Le monde tourne à nouveau, pour son plus grand malheur. Les corbeaux dehors, aiguisent leurs becs et affûtent leur stylo pour signer les décharges. Des charognards et des proches pour qui il avait tant d’estime. Même ses beaux-parents. Surtout ses beaux-parents chez qui il était considéré comme un fils.

Belle maman a repris son petit, tout ce que fut son petit, à sa solde. Il n’appartient plus qu’à elle désormais et qu’on ne vienne pas lui dire que son Arthur a été heureux avec ce… avec un homme. Elle reniera sans la moindre gêne, sans la plus petite once de compassion, ce beau fils dont elle disait pourtant tant de bien.

Pour son premier garçon, ce n’est pas pareil. Lui est marié avec une femme. S’il devait lui arriver malheur, il serait normal de partager cette douleur avec Nadine, sa femme, mais pas dans le cas d’Arthur. Arthur n’a pu être comblé pleinement avec un homme. Comme un homme devrait l’être, songe la mère du défunt fils. Cela, et malgré la tolérance exemplaire de cette belle-mère envers son gendre un peu spécial, elle ne peut l’accepter ni vraiment le concevoir. Il faut dire que son mari n’est pas l’exemple de l’homme rêvé. Et comme elle n’a que lui comme référence, l’ayant épousé en un jeune âge et sans avoir eu la moindre expérience amoureuse avant lui, elle ne peut comparer. Elle ignore totalement qu’ailleurs, il y a certains hommes qui font de grandes et belles choses pour les leurs. Pour elle, tout se résume à son mari et les prouesses de ce dernier.

Oui, maman Arthur a bien manipulé son monde et ce, alors même qu’Arthur était mourant sur son lit d’hôpital. Un lit, qui fut interdit à Marc, devant attendre comme un chien derrière la porte. Qu’on veuille bien lui ouvrir pour accueillir cette terrible nouvelle et découvrir le corps sans vie de son amoureux.

S’il ne réagit pas immédiatement, trop sonné par le corps inerte de son amant à qui i n’a pas pu dire adieu, Marc pouvait ressentir la tension palpable, il a pu constater la scission soudaine d’une famille qu’il avait fait sienne pour n’en avoir guère eut un bel exemple de son côté.

Des gens ouverts et drôles. Des gens heureux et fières de l’être. Simples, se posant les questions existentielles nécessaires au bon déroulement de leur existence. Qui semblent intelligents. Des gens en qui il avait pleinement confiance, sur qui il savait qu’il pouvait compter. Et voilà qu’il est le chien à ne pas laisser entrer dans la maison. Le bâtard de la honte. Le pestiféré. Celui qui a entrainé dans ces pulsions déviantes leur fils.  L’homme à abattre. Celui à qui il ne faudra surtout rien donné. À commencer par la maison qu’ils ont construits ensemble, lui et Arthur, mais qu’ils n’ont mise qu’au nom de ce dernier. En toute confiance, sans méfiance, sans la moindre suspicion…

Comme Arthur n’aimerait pas voir et entendre tout ça. Comme il serait déçu de sa maman et de son papa. Lui qui pensait que son compagnon serait épaulé en cas de coup dur, et voilà qu’on ignore jusqu’à son existence même. Qu’on le renie mais pire, qu’on renie leur amour. Tout ce qu’ils construisirent ensemble. Ce pour quoi ils se battirent. Contre vents et marées. Et voilà qu’on veut l’amputer de l’essence même de cet amour. Du moteur leur ayant fait vivre tant de choses belles et fortes. Des aventures que nombre de gens jalousèrent car les deux hommes étaient bien plus audacieux que la plupart des gens. N’ayant rien à perdre et tout à gagner. Se peut-il qu’ils veuillent même lui prendre sa souffrance ? Qu’ils ne veulent lui permettre de pouvoir faire son deuil comme tout un chacun ?

Marc n’aurait donc pas le droit de souffrir comme toute bonne épouse pourrait l’émettre. Sa souffrance ne peut être la même, puisqu’ils ne correspondent de toute évidence, à aucun critère vrai de ladite normalité. Une souffrance en A mineur. Une douleur qu’il faudra cacher. Partout et à tout moment. À tout le monde ou presque comme s’il devait renier toutes ces années passées avec son homme. Dissimuler pour ne pas dévoiler cette déviance mise à rude épreuve, semble-t-il. Et une mort à chaque fois qu’il mentira, qu’il dissimulera ce pan d’existence dont il est si « fier » pourtant. Si heureux.

Oui, Marc devra pleurer discrètement. Tout comme il aima très pudiquement son amant pour préserver les sensibilités de chacun… Mais la sensibilité envers l’amour ne devrait-elle pas être universelle ? songe Marc, en ravalant sa salive. Le bonheur, et encore plus celui entre deux hommes, peut-il faire si mal qu’il faille le tamiser pour qu’il n’éblouisse pas trop les yeux de tous ces envieux ?

Il ne pourra donc dévoiler sa douleur qu’à un cercle très restreint d’amis, ne pourra laisser s’enflammer les souvenirs qu’en présence de celles et ceux les ayant aimés tels qu’ils étaient ?

Marc ne sait plus ce qu’il doit penser et le peut-il seulement dans un tel moment. Il est à la merci. Fragile et fébrile en cet instant de deuil.

L’homme qu’ils semblèrent tant apprécier lorsque leur fils venait avec lui à la maison ne paraît plus qu’un point de fuite au loin dans la nuit.

Où sont donc passés tous ces beaux sentiments. Ces belles paroles de tolérance et de compassion. D’ouverture et d’affection. Tout semblait si bien rodé. L’harmonie enveloppait chaque repas de famille et la joie ne laissait présager aucun nuage, aucun barrage. Et pourtant…

Photo de cottonbro sur Pexels.com

Puisque vous êtes ici S’Wonderful continue de faire des émules…l’avez-vous découvert ?

Résumé :

Alors que Farooq et Romain ont bien failli être expulsés d’Australie, un miracle se produit en la personne de John, qui semble avoir négocié leur visa.
Ayant craint d’être séparés à jamais, les deux hommes décident de vivre dans le même appartement, mais leur relation va s’avérer houleuse. Romain va avoir de la peine à masquer son appréhension quant aux sentiments qu’il éprouve pour lui. Cela va le ramener à son histoire avec Robin. À cette époque, le sida avait pris une ampleur considérable, les rapports entre les gens avaient changé, la peur était partout. Malgré ça, l’énergie folle ressentie durant ces années difficiles était à la hauteur du désespoir des militants se battant pour leurs droits.
En relatant ce passé, Romain va surtout réaliser que leur relation était sans avenir quoiqu’ils eussent pu espérer, à l’inverse de ce qu’il vit avec Farooq. Et c’est bien ça qui l’inquiète le plus.

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Publié par tomhuxleyauteur

Enfant, j'imaginais déjà des histoires pleines de personnages hauts en couleurs, que je racontais à tous ceux qui croisaient ma route. Depuis lors, j'ai fait évoluer mes récits, les rendant plus complexes, et les partageant ainsi avec un public plus large. En tant que narrateur, je tire profit de mon imagination et mon sens créatif pour raconter des histoires captivantes et divertissantes. C'est tout naturellement que je me suis porté vers l'érotisme et la sensualité. Sans tomber dans la vulgarité je préfère la poésie plutôt que d'être trop explicite. Même si de nombreuses scènes torrides vous feront à n'en pas douter, avoir des sueurs. Je décris les désirs sexuels comme des personnages à part entière et je les laisse évoluer au gré des situations.

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