Normal !
Ça veut dire quoi déjà être normal ?
Personnellement, ce mot ne m’évoque qu’embarras et frustration, car à qui ou même, à quoi appliquer cette soi-disant normalité ?
Bien difficile à réaliser cet exploit, et je vous mets au défi de me dire ce qui est vraiment normal ou pas.
Pour ma part, il ne me semble jamais avoir eu l’impression d’être normal, pour employer ce terme. Et quel bonheur de ne pas l’être.
Je n’ai pas attendu de recevoir ma dose d’hormones et de devenir un homme qui regarde les hommes pour m’en rendre compte. Déjà tout petit je me sentais bien différent et tellement pas dans la norme. Ne parler que de sexualité ou de genre dans ce cas présent est très réducteur comme on peut le constater. C’est tout notre être qui peut nous sembler différent de celui des autres. Notre façon de penser, de voir les choses, de prendre de la vie, d’aimer ça plus que cela, d’aller vers des gens plus que d’autres, d’être un peu plus sensible que les autres garçons, plus créatif, etc…tout ça peut faire que nous nous sentions différents.
Alors que je pensais que j’allais trainer cela comme une tare dans ma vie de tous les jours, ça en devint très vite un plus, un moyen de mieux se connaître, d’apprendre à m’apprécier et à tolérer les choses. Même si la schizophrénie ne sembla jamais loin, devant prétexter être un autre dans bien des environnements et de nombreuse situation, j’ai toujours apprécié cette vie me permettant de vivre dans deux mondes bien distincts. Cela m’a non seulement appris à m’adapter mais en plus, j’ai toujours eu l’impression d’être plus riche que mes collègues hétéros et sans vouloir les dénigrer. Mais il faut bien admettre que se confronter à une société hétéronormée et côtoyer mes semblables fut et reste un plus, à mon avis qui donne plein d’avantages. Mais je ne parle ici que pour moi.
Une fois adulte et dans la vie active, on se rend compte qu’être « normal », ce n’est pas si bien que ça finalement. Que tous ces soi-disant « normaux » nous encerclant et voulant nous jeter dans une case pour nous y maintenir le plus longtemps possible, sont plus à plaindre qu’autre chose. Leur vie, étant bien fade le plus souvent. Du moins, bien moins colorée et palpitante…et devoir lâcher la pression qu’ils exercent sur nous pour nous maintenir dans cette case et nous voir nous envoler et redevenir celui que nous n’avons jamais cessé d’être, peut être rageant. On ne peut pas contenir un électron libre, car c’est ce que nous sommes, il ne faut pas l’oublier.
La normalité telle que la société et la plupart des gens la conçoivent est lassante et ennuyante, tout comme la perfection d’ailleurs.
Ressembler à tous ces gens. Être comme eux et ne pas se différencier est un triste constat et un poids bien lourd à payer, en sachant toutes les vertus et les avantages que la soi-disant « non-normalité » peut engendrer.
Alors si l’on vous traite un jour d’anormal les Loulous, et peu importe qui ou comment vous êtes, n’écoutez que cette petite voix intérieure vous faisant vous sentir plutôt bien avec vous-même ; en accord avec vous-même… ce que ne semblent pas éprouver les personnes vous traitant d’anormal ou de marginal, trouvant étrange votre façon de vivre, vos choix et votre préférence sexuelle.
Dites-vous que ceux qui prônent cette normalité sont le plus souvent bien moins en phase avec qui ils sont que vous ne le serez jamais.
Je ne vais pas vous faire reprendre vos cahiers d’école, mais revisitez juste comme ça et de mémoire, les quelques illuminés ayant prôné une norme et un modèle à suivre, et vous verrez combien ils paraissent bien plus marginaux que n’importe quelle autre différence, aux yeux du monde.